Titre : Destins Intriqués
Sous titre : Trahison, Vengeance, Amour, Désolation, Retrouvailles
Auteur : Abdoul Lamine Riche Ouattara
Éditeur : IP Éditions
Pages : 575
Récompenses : Prix MCA 2025 (Meilleur Co-auteur), Prix MJA 2025 (Meilleur Jeune Auteur)
Biographie : https://g.co/kgs/QVn1mVv
Résumé détaillé :
Pulchérie, une jeune fille issue d’une famille noble, profite avec insouciance d’un jour de Noël aux côtés de ses amies, Christine et Véronique. Échappant à la surveillance de ses gardes, elle savoure un rare moment de liberté. Mais à son retour, son monde s’effondre brutalement : elle découvre ses parents et son frère assassinés dans une scène d’une violence insoutenable.
Plongée dans l’horreur, elle tente de secourir son frère Fred, qui, dans un ultime souffle, lui révèle une vérité terrifiante. Transportée à l’hôpital, elle est submergée par l’angoisse et l’incompréhension. Malheureusement, Fred succombe à ses blessures, laissant Pulchérie seule face à un destin cruel.
Son oncle Kouassi, maire influent de Koun-Fao, la recueille, et elle croit trouver un refuge. Mais derrière son image de leader charismatique, l’homme dissimule une noirceur inquiétante. Peu à peu, elle découvre l’ampleur du piège : loin d’être son protecteur, il est l’architecte du massacre. Avide de pouvoir, il a orchestré leur assassinat pour s’approprier la tête de liste et asseoir son autorité. Mais son infamie ne s’arrête pas là. Profitant de l’isolement et de la vulnérabilité de sa nièce, il exerce sur elle une emprise odieuse et insoutenable.
Prisonnière de son silence, elle tente de survivre au quotidien sous son joug. Christine et Véronique, alertées par son comportement distant et brisé, essaient de l’approcher, mais Pulchérie, submergée par la honte et la peur, demeure murée dans son mutisme.
Lorsqu’elle annonce à Kouassi qu’elle porte son enfant, la réaction de ce dernier est glaçante : terrifié à l'idée que cette vérité éclate et ruine son image, il engage un tueur pour l’éliminer définitivement. Avant de la condamner à la mort, il lui avoue froidement ses crimes : l’assassinat de sa famille, qu’il a lui-même orchestré.
Droguée et inconsciente, Pulchérie est transportée dans une forêt reculée où son exécution est programmée. Mais dans un ultime sursaut de survie, elle parvient à frapper son agresseur avec une pierre et s’enfuit en titubant à travers les bois. À bout de forces, elle s’effondre au bord d’une route, où elle est recueillie par Madame N’zi, qui la conduit immédiatement à l’hôpital.
Durant les mois suivants, sous la protection de Madame N’zi, Pulchérie lutte pour se reconstruire. Cependant, les complications médicales liées à sa grossesse s’aggravent. Une césarienne d’urgence s’impose, mais l’opération est risquée et met sa vie en péril.
Finalement, malgré les efforts des médecins, Pulchérie succombe à ses blessures après avoir donné naissance à une petite fille. Dévastée, Madame N’zi décide de se battre pour que justice soit rendue.
Le décès de Pulchérie provoque une onde de choc. Des manifestations embrasent la ville, exigeant l’arrestation de Kouassi. Des preuves accablantes émergent, révélant son implication dans le massacre de la famille de Pulchérie, ainsi que les sévices qu’il lui a infligés.
Acculé, Kouassi est appréhendé à son domicile, lui qui se croyait intouchable. Son procès devient un événement national, relayé sur les réseaux sociaux et suivi par une population avide de vérité. La sentence tombe, implacable : la réclusion criminelle à perpétuité.
Dévastée mais résolue, Madame N’zi prend sous son aile l’enfant de Pulchérie, qu’elle nomme Auriane, en hommage à la volonté de la défunte. Dans ce fracas de douleur et de deuil, elle incarne un espoir nouveau, une lueur d’avenir surgie des ténèbres du passé.
Les années passent, et Auriane, la fille de Pulchérie, grandit sous l’aile protectrice de Madame N’zi, qui l’élève comme sa propre enfant. Brillante et ambitieuse, Auriane est déterminée à tracer son propre chemin.
Lors d’une cérémonie scolaire, elle entre dans l’histoire en devenant la première élève à obtenir la meilleure note de son établissement, suscitant autant d’admiration. Son ascension académique remplit Madame N’zi de fierté.
Pendant ce temps, Élysée, le frère de Madame N’zi, réapparaît après de longues années d’exil.
À l’aube de l’âge adulte, la révélation de ses véritables origines bouleverse l’existence d’Auriane. Mais loin de l’abattre, cette vérité renforce sa détermination à honorer la mémoire de Pulchérie et à se battre pour son propre avenir.
Dans un tournant décisif, Madame N’zi prend une décision majeure : elle nomme Élysée Directeur Général de Stars Home, lui confiant ainsi les rênes d’un empire bâti avec rigueur et sacrifice. Ce choix scelle un nouveau chapitre dans la vie d’Élysée.
Devenu Directeur Général de Stars Home, Élysée, en proie à l’avidité et à une soif insatiable de pouvoir, décide d’éliminer sa sœur pour s’emparer définitivement de l’empire hôtelier. Il ourdit un plan machiavélique et orchestre un accident mortel destiné à mettre un terme à la vie de Madame N’zi.
L’annonce de la mort de Madame N'zi plonge Auriane dans un abîme de douleur. Dévastée par cette perte brutale, elle pressent une anomalie, mais le chagrin l’aveugle, l’empêchant de saisir l’ampleur du complot qui se noue contre elle.
Avec Madame N’zi écartée, Élysée déploie la phase ultime de son plan : l’enlèvement d’Auriane, unique héritière légitime de l’empire hôtelier.
Neuf ans après les événements tragiques. Claicla une icône de la mode, triomphe sur les podiums et fascine le monde par son charisme et son élégance. Son aura hypnotise les spectateurs et les médias, consolidant son statut de légende vivante. Son influence dépasse désormais les frontières africaines, faisant d’elle une source d’inspiration universelle.
Cependant, derrière cette réussite éclatante se cache une vérité sombre : Claicla est en réalité Auriane.
De retour en Côte d’Ivoire en tant qu’ambassadrice de la marque Woodin, elle est accueillie en grande pompe par Élysée, désormais PDG de Woodin et de Stars Home, mais aussi préfet du district d’Abidjan. Pour asseoir son pouvoir, il a épousé Ti-Apresta Nadège, la sœur aînée de la présidente de la République. De leur union sont nés deux garçons, Léwux et Délux.
Malgré son image d’homme influent et respectable, Élysée cache de lourds secrets. Un détective privé engagé par Claicla découvre des informations troublantes :
Élysée a hérité de sa sœur Madame N’zi après un accident de voiture suspect, lui permettant ainsi de prendre le contrôle total de l’empire Stars Home et Woodin.
Déterminée à faire éclater la vérité, Claicla accepte un dîner privé avec lui. Durant ce tête-à-tête soigneusement orchestré, elle lui administre un sérum de vérité, "Question-Réponse", qui le force à révéler ses plus sombres secrets. Tout est enregistré.
Alors que les révélations s’enchaînent, une figure maternelle du passé refait surface : Médine.
Elle reconnaît immédiatement Claicla comme étant Auriane, longtemps présumée disparue après la mort suspecte de sa mère. Médine lui remet une clé USB contenant des preuves accablantes contre Élysée.
Mais une révélation encore plus terrifiante surgit : Auriane n’a pas simplement été kidnappée.
Elle a été vendue à un réseau criminel international : FireLion.
Ce réseau, dirigé par cinq frères puissants, exploite des jeunes filles sous couvert d’une agence de mannequins :
FireLion One domine l’Amérique.
FireLion Two contrôle l’Europe.
FireLion Three gère le trafic en Afrique.
FireLion Four opère en Asie.
FireLion Five, le leader, dirige des prestigieuses agences de mode servant de façade.
Certaines filles sont forcées à la prostitution, tandis que d’autres, sélectionnées pour leur beauté et leur talent, deviennent des mannequins de renom. Mais derrière les podiums et les paillettes, elles restent sous emprise.
Claicla révèle à Médine que son ascension dans la mode n’a rien d’un hasard :
Elle a été l’une des victimes du réseau FireLion avant de s’imposer dans l’industrie.
Claicla comprend alors que faire tomber Élysée ne suffira pas.
Le réseau FireLion est une menace mondiale, et il semble intouchable. Mais avec les preuves de Médine et l’enregistrement des aveux d’Élysée, elle sait qu’elle détient enfin une arme redoutable contre lui.
Déterminée à agir, Claicla contacte Véronique, présidente de la République, et Christine, Première ministre.
Ensemble, elles mobilisent toutes les ressources nécessaires pour neutraliser Élysée et exposer FireLion.
Une enquête à grande échelle est lancée, impliquant les forces de sécurité nationales et des partenaires internationaux.
Les révélations explosives sur Élysée provoquent un séisme médiatique.
Il est arrêté, menotté, humilié.
L’homme autrefois intouchable est emmené pour être jugé.
Son procès devient un événement historique.
Sous pression médiatique, il fait face à des accusations accablantes, détournements de fonds, assassinats,
Son rôle central dans les trafics de drogue.
Les témoignages des victimes, notamment celui poignant de Claicla, achèvent de convaincre la cour.
Grâce à l’intervention décisive de Véronique et Christine, Élysée est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, sans possibilité de libération.
Cette victoire éclatante marque la fin d’une ère d’impunité et envoie un signal fort aux criminels opérant sous couvert du mannequinat.
Avec Élysée derrière les barreaux, Claicla peut enfin tourner la page de ce cauchemar.
Son courage et sa résilience deviennent une source d’inspiration mondiale.
Quelques mois après le procès, elle célèbre son mariage avec Esli.
La cérémonie, somptueuse mais empreinte de simplicité, symbolise un nouveau départ.
Parmi les invités figurent Véronique et Christine, témoignant de leur admiration pour Claicla et son combat.
Trente ans se sont écoulés depuis le mariage d’Auriane, alias Claicla, et Esli. Leur union, malgré les épreuves, a prospéré et donné naissance à leur fils, Si-Trésor, désormais adulte.
Si-Trésor épouse Frolmari, une femme d’une grâce envoûtante, et leur amour est scellé par la naissance d’Ashyclis. Cependant, l’arrivée de Raégebajou, un ancien amour de Frolmari devenu partenaire d’affaires de Si-Trésor, bouleverse leur équilibre.
Alors que les retrouvailles entre Raégebajou et Frolmari ravivent un passé inachevé, un jeu dangereux de séduction et de regrets s’installe.
Tiraillée entre devoir et passion, Frolmari élabore un plan machiavélique pour accuser Si-Trésor d’infidélité et ainsi obtenir un divorce. À plusieurs reprises, elle tente de le piéger, mais ses stratagèmes échouent. Désespérée, elle décide d’aller plus loin et engage Aljuly, une jeune femme séduisante et mystérieuse, sous couvert de domestique, pour exécuter son plan final.
Aljuly, engagée par Frolmari pour séduire et compromettre Si-Trésor, découvre rapidement que cette famille cache des secrets bien plus sombres qu’elle ne l’avait imaginé.
Dégoûtée par l’hypocrisie et les manipulations de Frolmari, elle rassemble ses affaires et s’en va, bien décidée à ne plus jamais croiser leur chemin.
Mais alors qu’elle quitte précipitamment la demeure, elle perd l’équilibre. Une main ferme la retient juste avant qu’elle ne chute. En relevant la tête, elle croise le regard d’Ashyclis, le fils de Frolmari et Si-Trésor. Une alchimie immédiate naît entre eux, mais lorsqu’elle réalise son identité, elle se referme et tente de s’éloigner, le méprisant instantanément pour son lien avec cette famille.
Ashyclis, intrigué par son attitude distante, cherche à comprendre le mystère qui l’entoure. Peu à peu, ils tombent amoureux, bien que des non-dits planent entre eux. Aljuly garde le silence sur ce qu’elle sait de sa famille.
Mais le jour où des documents compromettants surgissent, Ashyclis commence à douter d’elle. Il la confronte avec des preuves qui semblent l’accuser d’une relation avec son père, Si-Trésor.
Aljuly, dévastée, tente d’expliquer la vérité, mais son silence et ses hésitations renforcent les soupçons d’Ashyclis.
Tout bascule lorsque la vérité éclate au grand jour : le véritable père de Mangèle, sœur d'Ashyclis n’est autre que Raégebajou, et la vérité sur la relation entre Si-Trésor et Mangèle n’est pas celle d’un père et d’une fille, mais d’amants, qui donne naissance à Samira. Cette révélation monstrueuse plonge Frolmari dans un état de choc total.
Un affrontement mortel éclate entre Si-Trésor et Raégebajou. Rongé par la haine et la trahison, Raégebajou tire sur Si-Trésor sous les yeux horrifiés d’Ashyclis. Mais, pris d’un accès de folie et réalisant l’ampleur de son acte, Raégebajou retourne ensuite l’arme contre lui-même et se suicide.
La tragédie continue lorsque Frolmari, anéantie par la culpabilité et l’effondrement de sa famille, met fin à ses jours.
Mangèle, totalement dévastée par la perte de ses parents et le chaos familial, sombre dans une crise suicidaire. Convaincue qu’elle ne mérite pas de vivre, elle consomme du poison, ce qui la conduit à la mort.
Face à tant de drames successifs, Ashyclis s’effondre à son tour. Son corps cède sous le poids du choc émotionnel, et il tombe dans un coma profond, laissant Aljuly dans une détresse inimaginable.
Pendant des mois, Aljuly reste à son chevet, priant pour un miracle. Son amour pour lui est sa seule ancre face à la douleur.
Après une longue période d’incertitude, Ashyclis finit par sortir du coma. Son retour à la vie marque un tournant décisif. Aljuly, submergée par l’émotion, lui promet qu’ils reconstruiront leur avenir ensemble, loin des ombres du passé.
Quelques mois plus tard, le grand jour arrive : le mariage d’Aljuly et Ashyclis. Malgré les tragédies qui ont marqué leur histoire, cette journée symbolise un nouveau départ. Aljuly, resplendissante dans sa robe blanche, avance vers l’autel où l’attend Ashyclis, sous le regard des invités, bouleversés mais remplis d’espoir.
Cependant, la cérémonie prend un tournant dramatique lorsque la mère d’Aljuly fait une révélation choc : Aljuly et Ashyclis sont frère et sœur.
Un silence glacial s’abat sur l’assemblée.
Aljuly, dévastée, hurle son désespoir. Ashyclis, sous le choc, tente de comprendre l’ampleur de cette révélation.
Soudain, prise d’une panique incontrôlable, Aljuly s’enfuit en courant à travers le domaine, son voile flottant derrière elle, sous les regards horrifiés des invités. Ashyclis, dans un élan de détresse, se lance à sa poursuite, criant son nom, suppliant qu’elle s’arrête.
Dans sa course effrénée, Aljuly atteint une route montagneuse, sa vision brouillée par les larmes. Elle court, tentant de fuir cette vérité insupportable.
Derrière elle, Ashyclis la rattrape peu à peu, hurlant son nom dans l’espoir de l’arrêter avant qu’elle ne commette un geste irréparable.
Mais alors qu’il est sur le point de la rejoindre, une voiture surgit à toute vitesse dans un bruit assourdissant. Le conducteur, pris de panique, perd le contrôle.
Un silence de mort s’installe. La nature elle-même semble figée, comme si le monde retenait son souffle face à cette tragédie.
Ashyclis, totalement paniqué, se précipite vers le lieu de l’accident, cherchant désespérément Aljuly. Son regard se pose sur un morceau de sa robe déchirée, une trace de sang et son bracelet abandonné sur le sol.
Réalisant l’irréversibilité de la scène, il s’effondre à genoux.
Son cri de douleur transperce l’air.
Submergé par l’horreur et le chagrin, il hurle le nom d’Aljuly, mais il n’y a aucune réponse…
Ce cri de désespoir, un écho déchirant au sein de la vallée, laissant le destin d’Aljuly et d’Ashyclis en suspens.
Une fresque dramatique où le passé ne cesse de hanter le présent, et où l’amour et la trahison s’entrelacent dans une danse fatale. Entre trahison insidieuse, vengeance implacable, amour incandescent, et désolation abyssale, se tisse lentement l’étoffe fragile de retrouvailles incertaines...
Extrait :
(...)
Pulchérie se tenait devant la porte entrouverte, son sourire de joie effacé en un instant par une vague d'inquiétude. Un frisson glacé parcourut son corps, une sensation qu'elle n'avait jamais éprouvée auparavant.
— Pourquoi... est-ce ouvert ? murmura-t-elle, une pointe de peur dans la voix.
Elle hésita, la main toujours suspendue devant la sonnette. Puis, dans un souffle, elle poussa doucement la porte. À peine un pas dans le hall qu'une scène macabre s'offrit à ses yeux. Les corps des gardes, étendus sur le sol, sans vie, les uniformes tachés de sang. Le silence pesait lourdement autour d'elle.
— Papa... maman... Fred... prononça-t-elle, sa voix tremblant de terreur.
Son cœur se serra. La peur devint un monstre envahissant, rendant chaque respiration plus difficile que la précédente. Elle se précipita à l'intérieur, son souffle erratique, son esprit en panique, cherchant désespérément à comprendre ce qui s'était passé.
Le salon semblait irréel. L'ambiance était oppressante, étouffante. Les meubles étaient renversés, comme si un cataclysme s'était abattu. Des éclats de verre scintillaient sur le sol sous la lumière tamisée, créant un contraste sinistre. Pulchérie avançait précautionneusement, chaque pas brisé par le crissement des morceaux de verre sous ses pieds.
Elle s'arrêta brutalement, ses yeux se posant sur les corps immobiles de sa famille son père, sa mère et son frère, allongés sur le sol. Une scène d'horreur qu'elle ne pouvait pas comprendre.
— Papa ?... Maman ?... Fred...? chuchota-t-elle, sa voix brisée par la terreur.
Son souffle s'accéléra, elle se précipita à genoux, tremblante, et s'approcha de leurs corps inertes. La panique l'envahit alors qu'elle les secouait, espérant un miracle, un signe de vie.
— Non ! Non ! Père, mère, non... Que s'est-il passé? Papa, réveille-toi... Maman, dis-moi... Frère...
Elle serrait son père dans ses bras, secouant doucement son bras, priant pour que le moindre mouvement, le moindre souffle la rassure. Ses larmes coulaient librement, sans retenue.
— Père... Mère... Fred... Parlez-moi... Je vous en prie
!
Un faible son de toux brisa le silence, comme un éclat de vie dans ce décor apocalyptique. Fred ouvrit les yeux, luttant contre la douleur. Son visage était marqué par les épreuves, mais il réussit à articuler quelques mots, à peine audibles.
— Sœur... ce... ce sont... eux... murmura-t-il, haletant.
Dans un flashback, des hommes masqués, vêtus de costumes noirs, surgirent soudainement de l’ombre,
envahissant la maison avec une rapidité déconcertante. Leurs visages étaient dissimulés derrière des masques impénétrables, donnant à leurs silhouettes une allure presque spectrale. L’instant était effrayant, comme si la pièce entière était suspendue dans un moment figé.
La famille de Pulchérie, insouciante, ne s’était pas préparée à une telle violence. Son père était tranquillement assis sur le canapé, feuilletant un journal, ses yeux fixés sur les pages, absorbé dans sa lecture. Sa mère, souriante, discutait joyeusement avec Fred, le frère de Pulchérie, qui lui répondait avec enthousiasme. Mais le silence fut brisé par l’apparition du chef des assaillants, une silhouette imposante qui projetait une ombre menaçante dans la pièce. Ses pas résonnaient
lourdement, étouffant tout autre son. Puis, d’un geste froid, il pointa son arme sur la famille, son visage
masqué d’une expression indéchiffrable. Le père de Pulchérie, frappé par la terreur, se figea, les mains crispées sur sa tête. Il ne pouvait plus bouger, l’horreur paralysant chaque muscle de son corps.
Un sourire malsain déforma alors le visage du tueur, et dans un éclat de lumière, le bruit du tir déchira l’air. Le père de Pulchérie s’effondra au sol, le son du coup de feu résonnant longtemps après. Il n’y eut pas de cri, seulement un silence profond et lourd, qui semblait engloutir la pièce entière.
Fred, témoin de la scène, s’élança instinctivement vers son père, mais avant qu’il n’ait pu faire un seul pas, une balle meurtrière l’atteignit en pleine poitrine. Son corps s’effondra lourdement, les yeux ouverts mais sans vie, un instant suspendu dans la tragédie.
La mère de Pulchérie, paralysée par la terreur, poussa un cri déchirant. Mais avant qu’elle n’atteigne son mari,
un second assaillant tira sans pitié. La balle la toucha en plein cœur, et elle s’effondra, son cri se noyant dans l’écho du chaos.
Le chat de la famille, paniqué, se précipita hors de la pièce, cherchant désespérément une issue. Mais la
cruauté des assaillants n’avait pas de limites. D’un geste froid, l’un d’eux abattit l’animal, un ultime acte de violence gratuite.
Le temps, comme suspendu, semblait s’être arrêté. La scène macabre qui se déroulait dans cette maison autrefois pleine de vie et de lumière restait figée dans les mémoires des survivants, une image gravée à
jamais. Il n’y avait plus de bruits, plus de mots, seulement un silence lourd, presque irréel, qui dominait l’espace.
De retour au présent, Pulchérie, les larmes roulant sur son visage, était agenouillée, tenant Fred dans ses bras. Sa respiration était saccadée, et une terreur indicible la traversait. Fred toussa violemment, du sang éclaboussant ses lèvres.
— Fred… parle-moi ! Je suis là ! sanglota-t-elle, sa voix brisée par la douleur.
Les paupières de Fred se fermèrent lentement, et son corps devint soudainement immobile. Pulchérie sentit un froid glacial envahir son être.
— Non ! Fred ! Réveille-toi ! s’écria-t-elle, dans un cri déchirant. Fred ! Non, non, s’il te plaît, réveille- toi ! Fred…
Elle serra son frère contre elle, ses sanglots déchirants emplissant l’air autour d’elle.
Dans un sursaut de panique, elle posa doucement le corps de Fred au sol, tremblante, envahie par la peur. Ses gestes étaient maladroits et précipités alors qu’elle se précipitait vers le téléphone fixe. ses doigts glissant maladroitement sur les touches alors qu’elle compose frénétiquement le numéro des urgences.
— Allô ! Aidez-moi ! Ils… ils sont tous… je vous en supplie... ! s’écria-t-elle, la voix brisée par
l’urgence.
Son souffle était court, saccadé, et ses doigts glissaient maladroitement sur les touches du téléphone, son cœur battant la chamade dans sa poitrine. L'appel fut enfin passé, et elle laissa tomber le téléphone, qui se fracassa contre le sol avec un bruit sourd.
Ses jambes fléchirent sous elle, et son cœur semblait vouloir s'arrêter. Mais elle se redressa immédiatement et s’élança vers sa famille allongée sur le sol.
Elle se remit à genoux, caressant doucement le visage de Fred, son regard perdu dans le vide.
— Pourquoi... murmura-t-elle, son esprit submergé par la douleur et l'incompréhension.
La rue, habituellement calme, était brusquement animée par les gyrophares d’une ambulance qui arrivait en trombe. Les sirènes hurlaient dans la nuit, annonçant
l’urgence de la situation. L’ambulance se stoppa violemment devant la maison de Pulchérie. En un clin d’œil, deux secouristes en uniforme en descendirent, se précipitant vers la porte d’entrée.
Ils s’arrêtèrent un instant, choqués par la scène qui s’offrait à eux. Puis, reprenant leurs gestes
professionnels, ils se mirent à l’œuvre.
Pulchérie, assise à côté des corps de ses parents, les regardait, ses mains serrées contre sa poitrine. Ses yeux étaient pleins de larmes, ses joues encore mouillées. Elle observait les secouristes, perdue dans la douleur et
l’incompréhension.
— On en a deux en arrêt cardiaque… et un survivant. Mais il est en état critique, déclara le secouriste 1, d’une voix grave, son regard se posant brièvement sur Pulchérie.
Le secouriste 2 s’approcha doucement de Pulchérie, hésitant. Il posa une main sur son épaule.
— Mademoiselle… vous allez bien ? Pouvez-vous marcher ? demanda-t-il avec une douceur qu’il espérait rassurante.
Pulchérie secoua la tête, comme si la question était trop absurde pour trouver une réponse. Elle se contenta de fixer les secouristes sans dire un mot, ses yeux vides de toute réaction.
Les secouristes sortirent, portant les corps sur des civières. L’un d’eux transportait Fred, inconscient mais toujours vivant, son visage pâle et marqué par la souffrance. Pulchérie suivait du regard, ses pas lourds, comme si chaque mouvement la rapprochait de
l’inimaginable.
— Fred… tiens bon… murmura-t-elle, la voix brisée, presque inaudible, tandis qu’elle observait son frère être emporté vers l’ambulance.
Elle s’élança vers eux, ses jambes tremblantes sous elle, chaque pas lui paraissant plus difficile que le précédent.
(...)
Les minutes s’étiraient interminablement, chaque seconde semblait plus lourde que la précédente. La
tension dans l’air était palpable, un poids que Pulchérie ne pouvait échapper. Elle n’osait même pas bouger, son esprit pris au piège dans une boucle infinie de pensées tourmentées. Elle ferma les yeux un instant, cherchant à fuir la réalité, mais les visages de sa famille, ceux qu’elle avait laissés derrière elle dans la maison, hantaient sans relâche ses pensées.
Un bruit de pas lourds, proches, la fit sursauter. Elle leva la tête et aperçut un médecin qui s’approchait lentement. Son visage était marqué par une gravité
profonde, ses yeux trahissant la tristesse qu’il portait. Il s’arrêta devant elle, hésitant, comme s’il cherchait les mots, puis, enfin, il prit la parole d’une voix triste, mais ferme.
— Jeune fille… Je suis désolé, mais malgré tous nos efforts… dit-il tristement.
Les mots flottèrent dans l’air, lourds et incompréhensibles. Pulchérie, noyée dans un tourbillon de douleur, ne les saisit pas immédiatement. Tout autour d’elle semblait se dissiper, comme si le bruit du monde s’éteignait peu à peu, ne laissant place qu’à un silence accablant.
— Quoi ? Quoi, mais quoi… ? Dites-moi qu’ils font bien, dites-le-moi, supplia-t-elle, sa voix brisée par l’angoisse et la terreur.
Le médecin, sans pouvoir alléger le poids de la situation, se pencha légèrement, comme s’il voulait adoucir la nouvelle dévastatrice, mais la douleur était trop grande, trop immédiate.
— Nous sommes désolés… Nous n’avons pas pu
sauver vos proches. Ils… ils sont partis, répondit-il d’une voix hésitante mais triste.
Les paroles résonnèrent dans l’esprit de Pulchérie comme un glas, un bruit sourd et inaltérable qui brisait tout sur son passage. Un cri déchirant s’échappa de ses lèvres, lourd et brisé. Elle s’effondra à genoux, les mains sur son visage, son souffle devenu erratique, comme si l’air lui manquait, comme si tout s’échappait d’elle.
— Non… Non, ce… ce n’est pas possible… Non… murmura-t-elle, les larmes coulant sans fin.
Le médecin tendit les bras pour la soutenir, mais avant même qu’il n’ait pu réagir, Pulchérie s’effondra dans ses bras, son corps devenu lourd, inerte, incapable de supporter la vérité. Elle était une âme brisée, sans défense face à l’ampleur du vide qu’on venait de lui imposer.
Pulchérie inconsciente, perdue dans un océan de douleur comme un monde qui tournait autour d’elle, impitoyable et indifférent. Le bruit de l’hôpital, distant et implacable, continuait de résonner, comme si la vie poursuivait son cours, alors qu’une âme venait de sombrer dans le néant de la souffrance.
(...)
La nuit était calme mais animée dans la commune de Koun-Fao, où un rassemblement inhabituel avait pris vie. Les rues étaient illuminées, et une énergie vibrante parcourait l’air nocturne. Des groupes d’habitants s’étaient rassemblés, brandissant des tracts et des photos du maire Kouassi, leurs voix unies dans des chants et slogans pleins de ferveur : « Le maire Kouassi, l’espoir de la jeunesse. »
L’enthousiasme et la détermination se lisaient sur chaque visage, créant une atmosphère de solidarité palpable.
Au centre de la scène, une estrade surélevée dominait la place principale. Kouassi se tenait là, rayonnant sous les projecteurs improvisés, son sourire chaleureux illuminant la foule. Ses yeux balayaient la masse compacte de visages, tous tournés vers lui avec admiration et respect.
Il leva doucement les mains pour demander le silence, et les clameurs s’apaisèrent peu à peu. Usant d’un timbre empreint de solennité et d’une chaleur magnanime, il déclama son discours avec une autorité impérieuse, conférant à ses paroles une gravité quasi oraculaire.
— Nobles citoyens de Koun-Fao,
C’est avec une gratitude infinie, empreinte d’un respect profond, que je me tiens devant vous en ce jour mémorable, honoré et fort de l’humilité qui s’impose, pour avoir été réélu à la haute charge de maire de notre illustre commune. Permettez-moi, avant tout, de vous adresser mes plus sincères remerciements, à vous qui avez fait acte de confiance en renouvelant votre soutien à ma
personne, et par là, en m’accordant la responsabilité de porter la destinée de notre collectivité.
Cette réélection est bien plus qu’une simple victoire personnelle, c’est une manifestation de notre engagement collectif envers le progrès et le développement de Koun-Fao. Au cours de mon premier mandat, ensemble, nous avons amorcé des réformes de grande envergure, mais il est indéniable que le chemin à parcourir reste encore semé d’embûches et que les tâches inachevées demeurent nombreuses.
Ainsi, dans l’échéance à venir, notre œuvre ne fera que se poursuivre. Nous persisterons sans relâche dans notre quête pour élever la qualité de vie des citoyens de notre chère commune. Il nous faudra renforcer nos infrastructures, soutenir indéfectiblement nos agriculteurs, encourager les élans de l’éducation et de la formation
professionnelle, et œuvrer à ce que chaque habitant de Koun-Fao puisse s’épanouir pleinement dans le cadre d’un environnement propice à son épanouissement.
Je n’ignore point les défis redoutables qui s'annoncent à l’horizon, mais, en revanche, je
nourris la conviction profonde que, grâce à notre volonté unanime et à l’esprit solidaire qui nous unit, il n’est aucune difficulté que nous ne parvenions à surmonter.
En tant que maire, je m’engage solennellement à demeurer une oreille attentive à vos attentes, à faire preuve d’une transparence absolue dans mes démarches, et à œuvrer dans une collaboration étroite et pérenne avec chacun d’entre vous, mes chers concitoyens, afin de faire de Koun-Fao un havre de paix et de prospérité pour tous, dans une harmonie inébranlable.
Je vous remercie une nouvelle fois pour la confiance que vous avez placée en moi. Ensemble, unis dans notre force, nous accomplirons des
œuvres remarquables pour le bien-être et la grandeur de notre chère commune.
Vive Koun-Fao, vive notre communauté !
Les acclamations éclatèrent, résonnant dans la nuit comme un tonnerre de joie. Des larmes de fierté brillaient dans les yeux de certains, tandis que d’autres brandissaient leurs tracts en signe de soutien.
Les caméras des journalistes immortalisèrent ces moments vibrants, capturant les sourires rayonnants et l’énergie débordante qui traversaient la foule. Kouassi, debout sur l’estrade, regardait son peuple avec une affection sincère, déterminé à transformer leurs espoirs en réalité.
(...)
La nuit était calme, le silence lourd. Pulchérie dormait profondément dans son lit, la respiration calme et régulière. Mais soudain, un frisson la secoua. Elle ressent une présence étrange et oppressante dans la pièce. Ses paupières s’ouvrent lentement, révélant ses yeux écarquillés par la surprise et la peur.
Là, au pied de son lit, éclairé par une faible lueur de la lune à travers la fenêtre, une silhouette se dessina dans la pénombre. L’homme ne bougeait pas, figé, comme une ombre en attente. Pulchérie retient son souffle, incapable de comprendre ce qui se passe.
L’homme la fixa un instant, son regard pesant sur elle comme un fardeau invisible. Puis, il laissa échapper un léger rire, presque imperceptible.
Pulchérie s’efforça de crier, mais aucun son ne franchit ses lèvres. La terreur la submergea alors qu’elle
comprenait qu’elle était entièrement prise au piège. Ses mains et ses pieds étaient solidement liés, la laissant totalement impuissante face à cet homme énigmatique. Pulchérie se tortilla dans ses couvertures, cherchant désespérément à se libérer, mais ses mains étaient fermement entravées. La panique s’empara d’elle, sa respiration s’accélérant tandis que l’angoisse prenait une ampleur croissante, envahissant tout son être.
L’homme mystérieux s’approche davantage d’elle, ses intentions clairement malveillantes. Pulchérie lutte
contre les liens qui la retiennent, mais c’est en vain. Une terreur indicible la submerge alors qu’elle comprend ce qui est sur le point de se produire.
Ses yeux, remplis de cruauté, se posent sur Pulchérie alors qu’il contemple sa proie ligotée. Elle se débattait, son cœur battant à en éclater, mais l’homme était là, toujours là, imposant, silencieux, comme une ombre prête à la dévorer.
Pulchérie se tord dans une agonie indicible, ses cris, mêlés de douleur et de terreur, se perdent dans l’air alors que l’homme, impitoyable, accomplit son acte monstrueux. Une fois sa cruauté satisfaite, l’homme sinistre se redresse, laissant Pulchérie, frémissante et brisée, seule dans son abîme, effondrée sur le lit.
L’homme se pencha légèrement, son regard glacial planté dans celui de Pulchérie. D’une voix basse et menaçante, il murmura :
— Écoute-moi bien. Cela se reproduira chaque jour, aussi longtemps que j’en aurai envie. Tu t’y habitueras. Et si jamais tu oses dévoiler ne serait- ce qu’un mot de ce qui s’est passé ce soir, à quiconque, même à ton propre reflet, tu regretteras d’être née. Eh oui, tu rejoindras ainsi ton père, ton frère et ta mère. Quelle charmante rencontre, futuriste, n’est-ce pas ? Essuie tes larmes et arrête de pleurer sinon…
Pulchérie, pétrifiée, ne parvient qu’à laisser ses larmes couler, silencieuses témoins de sa douleur. L’homme, satisfait de ses menaces, tourna les talons, quittant la pièce sans un mot de plus. Pulchérie resta là, seule, sans broncher, ses sanglots emplissant l’air lourd de cette nuit noire.
(...)
Monsieur Kouassi s’arrêta à quelques pas d’elle, son regard insistant plongé dans celui de sa nièce, et d’une voix calme mais profonde, il prononça les mots qui briseraient le silence.
— Comment te portes-tu, ma chère nièce ? demanda- t-il, son ton feutré masquant mal une dureté cachée.
Pulchérie, visiblement perturbée, leva les yeux vers lui. Elle chercha ses mots, mais sa voix se brisa dans un bégaiement presque inaudible.
— Je… je… je vais bien… balbutia-t-elle, les mains serrées sur ses genoux.
Monsieur Kouassi, plus impétueux, ne la laissa pas
terminer. Son regard s’intensifia, et d’un geste sec, il l’interrompit.
— Pourquoi bégayes-tu, Pulchérie ? demanda-t-il, une lueur de suspicion dans ses yeux.
La jeune fille, la gorge serrée par l’angoisse, tenta de répondre, mais les mots semblaient coincés. Chaque syllabe lui échappait, comme un poids trop lourd à porter.
— Mon… mon… mon… Elle se mordit la lèvre, les yeux fuyants.
L’oncle, visiblement agacé par cette hésitation, s’approcha encore un peu plus, son regard insistant.
— Allez, parle-moi clairement, ordonna-t-il d’un ton plus ferme.
Pulchérie se tassa un peu, comme si le moindre mouvement risquait de l’engloutir dans une mer
d’angoisse. Elle prit une profonde inspiration, le cœur battant, et réussit enfin à articuler, sa voix presque inaudible.
— Mon… mon oncle… Elle marqua une pause, hésitante, puis la douleur de ses mots éclata. Je… je crois que… que… je… je suis… enceinte, oncle.
Le silence tomba comme une chape de plomb. Monsieur Kouassi se figea, ses traits se durcirent en un masque d’incompréhension. Son esprit, déstabilisé, tourbillonnait autour de la seule pensée qui dominait tout. Dans sa tête, il se livra à un monologue intérieur, rapide et désespéré.
— Ho non, elle est enceinte. Comment cela a-t-il pu arriver ? Elle n’a que 12 ans ! Si cette nouvelle se répand, je perdrai tout : ma dignité, mon respect, mon pouvoir, et même mon poste… pensa-t-il, la panique grandissant. Non, je dois trouver une solution, coûte que coûte. Je dois gérer cela,
sinon…
D’un coup, comme pris par un sursaut d’irritation, il se leva brusquement. Son regard se fit plus dur, presque menaçant. Ses poings se serrèrent, son corps tendu par une colère qu’il avait peine à contrôler. Il pointa un doigt tremblant en direction de Pulchérie, son ton explosant dans l’air.
— Comment ça, répète. Toi !
Pulchérie, tremblante, sentit ses jambes vaciller sous elle. Ses yeux se remplirent de larmes qui coulèrent silencieusement sur ses joues. Elle se recroquevilla instinctivement sur son lit, fuyant la colère de son oncle, qui, maintenant, semblait bien plus grand et menaçant.
Chaque cri, chaque parole de son oncle perçait l’air comme des coups. Elle n’osait plus bouger, figée dans l’horreur du moment.
Monsieur Kouassi, la colère faisant trembler son corps tout entier, s’approcha de Pulchérie. Son visage,
déformé par la rage et l’angoisse, se rapprocha du sien, et d’une voix d’une dureté glaciale, il cracha ses mots.
— Tu veux détruire ma réputation… Tu veux détruire ma réputation ? répéta-t-il, ses yeux plongés dans ceux de Pulchérie avec une intensité menaçante.
Sans avertir, il saisit brutalement son bras, sa prise ferme, mais tremblant légèrement sous l’effet de l’émotion qui le submergeait. Pulchérie, choquée et pétrifiée par la violence de son geste, tenta de résister, mais son corps frêle n’avait aucune chance face à la poigne implacable de son oncle. Elle se sentait comme une marionnette, balancée sans pitié par une force plus grande qu’elle.
Les yeux pleins de terreur, Pulchérie se débattait faiblement, mais Monsieur Kouassi, sans la moindre hésitation, la tira hors du lit. Ses mouvements étaient brusques et sans douceur, comme s’il se battait contre un ennemi invisible. Elle trébucha légèrement sur le sol, ses larmes s’ajoutant à la douleur qui la rongeait. Mais l’oncle ne la lâchait pas, son emprise sur elle aussi solide qu’une pierre. Chaque pas vers la porte semblait la
mener plus près d’une issue qu’elle ne voulait pas franchir.
La porte se ferma dans un bruit sourd derrière eux, et en un instant, elle fut poussée dans une petite pièce sombre et vide. Pulchérie chercha à se raccrocher à la réalité, à
trouver une échappatoire, mais tout semblait l’écraser dans cette obscurité oppressante.
— Non ! S’il vous plaît, oncle, je vous en supplie, ne faites pas ça ! sa voix tremblait, chargée de désespoir, tandis que des larmes abondantes dévalaient ses joues.
Mais Monsieur Kouassi ne lui répondit pas. Sans un mot, il la poussa violemment à l’intérieur, et la porte se referma avec un claquement sec. Pulchérie tenta une dernière fois de se faire entendre, mais son cri se perdit dans la pièce déserte, étouffé par le bruit de la serrure qui tourna dans le métal.
Le claquement de la clé résonna dans la chambre comme un coup de tonnerre, une note finale d’un acte irréversible. Pulchérie, le cœur battant, tambourina désespérément contre la porte, son esprit noyé dans la panique.
— Oncle ! OUVREZ ! Je vous en prie, ouvrez-moi ! hurlait-elle, la voix brisée par la douleur et la peur.
De l’autre côté, Monsieur Kouassi resta là, immobile, tenant toujours la clé dans sa main. Son regard était vide, comme perdu dans un abîme qu’il ne voulait pas affronter. Il fixa la porte avec une intensité glaciale, son esprit en proie à un tourment insoutenable, mais aussi une détermination implacable.
— Personne ne doit découvrir cette histoire, pensa-t- il, ses poings se serrant autour de la clé, comme si elle était le dernier vestige de son contrôle.
Il se détourna lentement, ses pas résonnant dans le couloir, un écho solennel de son choix cruel. La silhouette de Pulchérie, secouée de sanglots et perdue dans l’ombre, s’éteignait derrière lui, et la maison semblait tout entière retenir son souffle, figée dans cette nuit d’angoisse.
La chambre de Monsieur Kouassi était plongée dans une lumière tamisée, l’atmosphère pesante comme une chape de plomb. Assis derrière son bureau encombré de papiers, il se tenait la tête entre les mains, les coudes appuyés sur la table. Son regard, vide et éteint, se perdait dans le vide, comme s’il tentait de repousser les pensées sombres qui tourbillonnaient dans son esprit. Le silence était oppressant, et l’air autour de lui semblait plus lourd à chaque seconde qui passait.
Ses doigts tremblaient légèrement lorsqu’il saisit son téléphone posé sur le bureau. Il hésita, puis, avec un effort visible, porta lentement l’appareil à son oreille. Chaque mouvement semblait l’accabler un peu plus, comme si la décision qu’il allait prendre était un poids insupportable. Son souffle, court et haletant, trahissait l’intensité de ses pensées.
Un silence de plus en plus lourd s’installa, et dans cette étrange pause, le temps sembla se suspendre. Puis, d’une voix froide, tranchante, presque mécanique,
Monsieur Kouassi prononça les mots qui scelleraient son destin.
— Pulchérie… elle doit disparaître. Ce soir.
Son ton ne laissait aucune place à l’hésitation, à la clémence, à la réflexion. Il raccrocha sans un mot, et resta là, immobile, fixant l’écran noir de son téléphone comme si cet objet froid pouvait répondre à ses tourments. Une ombre fugace passa sur son visage, un mélange de culpabilité profonde et de détermination implacable. Il se leva lentement, comme un automate soumis à la force de ses propres décisions.
Les poings serrés, il se redressa et fixa la porte de sa chambre, un regard dur et presque glacé se dessinant sur son visage. L’idée de ce qu’il allait faire l’empoignait.
— C’est elle ou moi. Si je ne fais rien, ma vie sera ruinée. Je n’ai pas le choix.
Il se répéta ces mots dans son esprit, comme une justification, une affirmation de la réalité qu’il avait
choisie. Un sourire amer se dessina sur ses lèvres, une grimace de frustration mêlée à une résolution sans
retour possible. Il savait ce qu’il devait faire, et plus rien ne pourrait l’arrêter.
(...)
La pièce était plongée dans une obscurité oppressante, seulement troublée par une lumière pâle qui filtrait à
travers une petite fenêtre en hauteur. L’air était lourd, presque suffocant, et chaque bruit semblait amplifié dans ce silence pesant. Pulchérie, recroquevillée sur le sol froid, leva un regard rempli de terreur vers Monsieur Kouassi. Ses yeux étaient grands ouverts, comme figés dans une supplication silencieuse.
Monsieur Kouassi avançait lentement, chacun de ses pas résonnant dans l’espace réduit. Son ombre s’étirait sur les murs, déformée et menaçante, comme un spectre venant réclamer son dû. Il s’arrêta enfin, dominant Pulchérie de toute sa stature. Sa voix grave brisa le silence, chaque mot tombant comme une sentence irrévocable.
— Je suis désolé, chère nièce, mais il faut que tu saches… bientôt, tu ne seras plus là.
Pulchérie étouffa un sanglot, ses épaules tremblant sous l’effet d’une peur qu’elle ne pouvait plus contenir. Les larmes coulaient en silence sur ses joues tandis qu’elle relevait faiblement la tête pour lui parler.
— Pourquoi, oncle ? Pourquoi voulez-vous faire ça ? Sa voix était brisée, presque inaudible.
Elle portait toute la douleur et l’incompréhension d’une enfant confrontée à l’injustice.
Monsieur Kouassi s’arrêta un instant, comme s’il hésitait. Son visage, marqué par la tension, sembla se durcir davantage. Il inspira profondément, puis ses traits se figèrent dans une froide détermination.
— Si tu restes en vie, tout ce que j’ai construit s’effondrera, répondit-il d’un ton glacial. Ma réputation, ma carrière… tout. Tu ne peux pas comprendre. J’ai sacrifié trop pour arriver où je suis.
Il détourna le regard, comme pour échapper à ce qu’il voyait dans les yeux de Pulchérie. Ses mains tremblaient légèrement, un signe que, malgré ses mots durs, une ombre de regret commençait à le hanter.
— Même ta propre mère n’a pas compris l’ampleur de mes ambitions, ajouta-t-il d’une voix plus basse, presque pour lui-même.
Dans un flashback, Kouassi se tenait debout, les yeux fixés sur le calendrier accroché au mur, comme si
chaque jour qui s’écoulait l’enfonçait un peu plus dans son tourment. Ses traits étaient tirés, marqués par la fatigue accumulée et le stress des semaines passées. Le temps semblait lui filer entre les doigts, chaque minute rapprochant les élections d’un peu plus. Dans son esprit, une idée obsédante tournait en boucle, le rongeant de l’intérieur.
Il se pencha enfin, attrapant son manteau qui traînait sur le dossier de sa chaise. Une détermination froide brillait dans son regard alors qu’il se dirigeait vers la porte.
— Je dois agir maintenant, murmura-t-il à lui-même, presque pour se convaincre.
Sans un regard en arrière, il quitta son bureau, sa silhouette se fondant dans l’obscurité du couloir, emportée par l’urgence d’un avenir incertain.
Le temps était paisible, presque irréelle, en contraste avec la tempête intérieure qui dévorait Kouassi. Sa sœur, une femme élégante au regard affûté, était installée confortablement dans un fauteuil en cuir. Elle feuilletait un livre, son visage détendu et serein.
Lorsqu’elle aperçut Kouassi entrer, un sourire se dessina sur ses lèvres. Le sourire qui disparut aussi vite qu’il
était venu lorsqu’elle vit l’expression tendue de son frère.
— Que se passe-t-il ? demanda-t-elle, intriguée par la hâte qui marquait chaque mouvement de son frère.
Kouassi s’assit en face d’elle, et l’air qu’il portait trahissait un mélange de nervosité et de détermination. Il balaya ses doigts sur le bois de la table, cherchant ses mots.
— Sœur, il faut qu’on parle, dit-il d’une voix plus grave, chaque syllabe pesant lourdement.
Elle ferma lentement son livre et leva les yeux,
maintenant pleinement attentive. L’air se chargea de tension.
— Que veux-tu ? demanda-t-elle, son regard se faisant plus incisif.
Kouassi prit une profonde inspiration, ses mains tremblant légèrement. Il se força à la regarder, mais ses mots sortirent précipitamment, comme s’ils étaient déjà prêts à jaillir.
— Je veux que tu me cèdes ta place en tête de liste pour les prochaines élections.
La réaction de sa sœur fut immédiate : ses sourcils se haussèrent en signe de surprise, et elle posa son livre sur la table. Il y avait une pause, un silence pesant avant qu’elle ne prenne la parole.
— Mais pourquoi ? demanda-t-elle enfin, une lueur d’incompréhension dans les yeux. Tu sais que les règles sont claires. Le maire sortant est automatiquement relégué à la troisième position.
Kouassi, loin d’être découragé par la réponse de sa
sœur, fixa intensément ses yeux, chaque mot désormais mordu par l’urgence de sa requête.
— Je suis conscient de tout ça, dit-il, l’intonation ferme. Mais, je dois être en tête de liste, sœur. C’est notre seule chance de garder le contrôle.
Elle le regarda, son visage se fermant lentement sous la gravité de ses paroles.
— Je regrette de te décevoir, frère, mais il est essentiel que nous respections les règles pour préserver l’équilibre de notre parti politique.
Elle secoua la tête, plus ferme que jamais, ses mains s’étant crispées sur les accoudoirs du fauteuil.
Kouassi sentit la tension monter, mais il ne se laissa pas démonter. Sa voix se fit plus insistante, un souffle
d’urgence perçant à travers ses paroles.
— Je sais, sœur, mais tu dois comprendre que notre avenir politique est en jeu. Oui, je le sais, tu es désormais tête de liste et ton mari deuxième sur la liste. Nous devons explorer toutes les options disponibles pour assurer notre succès, c’est pour
cela, que tu dois me laisser la première place sur la liste, s’il te plaît, sœur.
Les mots restèrent suspendus dans l’air, lourds de sous- entendus, d’espoir et de désespoir. La discussion
s’intensifiait, chaque phrase prononcée devenant un duel silencieux. Les regards échangés entre eux se faisaient de plus en plus tranchants, alors que la tension entre le respect des règles et l’obsession de conserver le pouvoir venait déchirer ce lien familial.
De retour au présent, Kouassi, avec un regard dur, fixé sur Pulchérie, qui l’observe avec horreur.
— Oui. Après ce refus, je savais ce que je devais faire, dit Kouassi, sa voix basse et froide, résonnant dans la pièce.
Dans un flashback, La pièce était sombre, éclairée par une ampoule vacillante suspendue au plafond. Kouassi, assis à une table ronde, tapotait nerveusement le bord d’une mallette en cuir noir. En face de lui, un homme masqué, vêtu de noir, restait immobile, impassible.
— Ne laisse aucun témoin. Aucun survivant, même pas une mouche, déclara Kouassi d’un ton glacial.
L’homme inclina légèrement la tête, un sourire déterminé s’esquissant sous le masque.
— Oui, boss. Tout sera réglé avant l’aube, répondit-il, d’une voix grave et calme.
Kouassi fit glisser la mallette sur la table. Un clic résonna dans la pièce lorsque l’homme l’ouvrit. À l’intérieur, des liasses de billets étaient soigneusement empilées.
— Après le travail, le double vous sera remis, ajouta Kouassi, fixant son interlocuteur avec intensité.
L’homme referma la mallette sans un mot, se leva, et recula lentement vers l’obscurité. Son silence, plus effrayant que les paroles de Kouassi, emplissait la pièce d’une tension palpable.
Kouassi resta seul, ses doigts jouant machinalement avec un stylo posé sur la table.
— Il faut que cela en finisse… peu importe le prix, murmura-t-il, sombre.
La pièce semblait se resserrer autour de lui alors qu’il levait les yeux vers l’ampoule vacillante.
De retour au présent, Pulchérie, les yeux remplis de larmes, se redressa péniblement de sa position. Elle regarda Kouassi d’un air désemparé, les mains tremblantes.
— Non… Vous avez… vous avez tué ma mère, mon frère et mon père ? murmura-t-elle, la voix brisée par la douleur.
Kouassi, implacable, la fixa avec un sourire froid.
— J’ai fait ce qui devait être fait, ma chère nièce, répondit-il, d’un ton impassible. Et maintenant, c’est ton tour. Mais ne t’inquiète pas… Excuse-toi de ma part quand tu les rencontreras. Ok, Ha ! Ha ! Ha ! Haaaaaa !
Pulchérie sentit la colère monter en elle. Ses yeux, pleins de larmes, se durcissent, et elle fixa son oncle avec une rage contenue.
— Un oncle qui ôte la vie à sa propre sœur, uniquement pour ses intérêts personnels ! C’est inhumaine ! viole sa propre nièce c’est abominable. Maintenant vous envisagez de me tuer pour préserver votre honneur, simplement parce que je suis enceinte de vous par viol ! C’est impardonnable !
Kouassi haussait les épaules comme s’il n’avait rien à se reprocher, bien que la colère se lisait clairement sur son visage.
— Toi…. Oses-tu vraiment, adresser la parole à ton oncle de ce ton ?, dit-il d’une voix dure, respirant profondément.
— Oui, oui et… oui. Tu n’as plus le droit d’être désigné comme mon oncle, ni même d’être qualifié d’humain. Tu es un criminel, assassin, meurtrier, le diable en personne, cria Pulchérie.
Kouassi, irrité, s’avança brusquement, l’attrapant par les bras et la projetant contre le mur.
— Toi… ! hurla Kouassi, les poings serrés.
La chambre inconnue était plongée dans une obscurité profonde. Le silence semblait régner en maître, seulement interrompu par la respiration paisible de Pulchérie, étendue sur le sol, plongée dans un sommeil profond, les larmes aux yeux.
Soudain, la porte s’ouvrit sans un bruit, laissant entrer une silhouette obscure. Le tueur. Ses mouvements étaient précis, calculés, silencieux comme une ombre. Ses yeux s’attardèrent sur la silhouette inerte de Pulchérie, un éclat glacé dans son regard.
S’avançant avec précaution, il glissa une main dans sa poche et en sortit une seringue. Ses gestes étaient d’une lenteur oppressante, presque ritualiste, alors qu’il
approchait l’aiguille du bras de Pulchérie. Il l’injecta, le liquide s’insinuant lentement sous sa peau. Pulchérie resta immobile, inconsciente, prisonnière d’un sommeil encore plus profond.
Une fois sûr de son emprise, le tueur la souleva sans effort. Ses bras musclés enveloppèrent le corps frêle de Pulchérie, comme si elle ne pesait rien. Et sans un mot, sans un bruit, il disparut dans l’ombre, emportant avec lui son secret.
La forêt était sombre, enveloppée d’un silence pesant. Les arbres se balançaient doucement sous le souffle froid du vent nocturne, leurs ombres projetant des formes inquiétantes sur le sol.
Le tueur avançait d’un pas déterminé, portant Pulchérie toujours inconsciente. Arrivé au cœur de cette solitude boisée, il la déposa sans ménagement sur le sol humide. Ses yeux scrutèrent son visage paisible, endormi, une lueur malveillante illuminant ses traits.
Il se pencha légèrement, son sourire sinistre révélant ses pensées sombres.
— Hmmm… Quelle beauté… murmura-t-il, presque avec satisfaction.
Sa main effleura le visage inerte de Pulchérie. Mais à cet instant, ses paupières se soulevèrent brusquement. Ses yeux s’écarquillèrent, son souffle s’accéléra, et son cœur battit à tout rompre contre sa poitrine.
La panique la gagna instantanément, et dans un élan désespéré, elle tâtonna le sol à la recherche d’une arme. Ses doigts rencontrèrent une pierre, qu’elle saisit fermement. Rassemblant toutes ses forces, elle abattit violemment la pierre sur la tête du tueur.
Un cri rauque de douleur résonna dans la nuit tandis qu’il s’effondrait lourdement sur le sol, le sang jaillissant de sa blessure. Pulchérie se redressa péniblement, l’adrénaline lui donnant la force de surmonter son vertige.
Elle jeta un regard paniqué autour d’elle, le paysage sombre et hostile la menaçant de toutes parts. Mais le choix était clair. Sans perdre une seconde, elle s’élança entre les arbres, ses pas résonnant sur les branches craquantes et le sol couvert de feuilles.
Derrière elle, le tueur, gémissant et vacillant, tenta de se relever. Mais son corps, affaibli par la douleur et la perte de sang, ne lui obéit pas. Il s’effondra à nouveau, son
souffle s’éteignant peu à peu dans le froid glacial de la forêt.
Pulchérie courait, son souffle saccadé se mêlant aux battements frénétiques de son cœur. La forêt semblait sans fin, chaque arbre un obstacle, chaque ombre une menace. Ses pieds s’enfonçaient dans le sol meuble, ses jambes vacillaient sous l’épuisement, mais elle continuait, guidée par une seule idée : survivre.
Enfin, la lisière des bois apparut. Avec une ultime poussée de volonté, elle atteignit la route principale. L’asphalte sombre se déployait devant elle, désert et silencieux. Pulchérie vacilla, son souffle court, et
s’effondra, ses mains tremblantes rencontrant la froideur rassurante de la route.
Elle ferma les yeux, à bout de forces, son esprit sombrant dans un épuisement presque total. Mais un bruit déchira le calme : le crissement strident d’un véhicule freinant brusquement. Ses yeux s’entrouvrirent avec difficulté, attirés par la lumière aveuglante des phares.
Une silhouette se dessina à contre-jour. La portière du véhicule s’ouvrit lentement, révélant une femme. Ses traits restaient indéchiffrables dans l’éclat des lumières, mais ses gestes étaient empreints de calme et de précision.
Pulchérie tenta de bouger, mais son corps ne répondait plus. L’inconscience la gagnait, et elle n’opposa aucune résistance lorsque la femme se pencha sur elle. Des bras délicats mais sûrs la soulevèrent avec précaution.
Sans un mot, la femme installa Pulchérie sur le siège passager du véhicule. Les phares illuminèrent un instant la route noire, puis le moteur ronronna doucement. La voiture s’éloigna, glissant dans la nuit, emportant Pulchérie loin de la forêt obscure et de ses dangers invisibles.
(...)
Des mois après, Pulchérie est transportée d’urgence dans un couloir blanc et stérile, son visage marqué par la douleur et l’angoisse. Une équipe médicale se précipite autour d’elle, la préparant pour une césarienne
d’urgence. Les machines émettent des bips stridents, leur rythme rapide signalant la gravité de la situation.
Les médecins et les infirmières, vêtus de leurs blouses bleues, se déplacent avec une précision et une rapidité impressionnantes. Les lumières claires de la salle d’opération scintillent au bout du couloir. L’atmosphère est tendue, chaque mouvement semble crucial pour la vie de Pulchérie et de son bébé.
— Préparez les instruments ! C’est maintenant ou jamais ! ordonna le Docteur avec urgence.
Pulchérie, les yeux remplis de peur, se laisse faire, mais sa respiration est lourde et saccadée, les ongles de ses mains serrés dans les draps de l’hôpital.
La porte de la salle d’accouchement s’ouvre brusquement, et Pulchérie est immédiatement placée sur la table d’opération. Les médecins et infirmières s’activent autour d’elle, injectant des substances et ajustant des appareils. La lumière éclatante de la salle de chirurgie accentue le contraste entre la frénésie médicale et le silence pesant qui règne autour de Pulchérie.
Les lumières de la salle d’accouchement s’éteignent alors que l’opération commence, plongeant la pièce dans une lumière plus tamisée. Un silence lourd s’installe, seulement interrompu par les sons de machines bourdonnantes et des murmures rapides entre les membres de l’équipe médicale.
Dans le couloir, Madame N’zi attend avec une nervosité palpable. Son regard est fixé sur la porte de la salle d’opération, chaque seconde qui passe paraissant plus longue qu’elle ne l’est réellement. Son visage, habituellement calme et autoritaire, trahit l’inquiétude. Elle serre les mains, les yeux brillants d’émotion, tout en priant pour le succès de l’opération.
Elle marche lentement de long en large, espérant des
nouvelles rassurantes de l’équipe médicale. Chaque bruit dans le couloir lui fait tourner la tête, son anxiété croissante avec l’attente interminable.
— Tout ira bien… tout ira bien… murmure Madame N’zi pour elle-même, avec une inquiétude palpable.
Le passage du temps semble se dilater dans cette atmosphère oppressante. Madame N’zi se permet à peine de respirer, chaque minute écoulée creusant une angoisse de plus en plus intense dans son cœur.
Madame N’zi serre les poings, son souffle court et rapide, son cœur battant la chamade. L’attente a été longue et éprouvante. Les minutes s’étirent comme des heures, chaque seconde l’éloignant un peu plus de la vérité qu’elle redoute. Soudain, les lumières de la salle d’attente se rallument, interrompant la torpeur dans laquelle elle s’était plongée.
Elle se redresse brusquement en entendant la porte de la salle d’opération s’ouvrir lentement. Son cœur s’emballe, un mélange d’espoir et de peur envahit son visage. Elle fixe la porte, ses mains tremblant légèrement.
— Madame N’zi… émerge le Docteur, affichant un sourire léger mais marqué par une tristesse palpable.
Madame N’zi se précipite vers lui, l’anxiété la submergeant.
— Oui, docteur, la mère et le bébé se portent bien. Dites-le-moi, docteur, dites-moi qu’elles vont bien ! implore-t-elle, les yeux remplis d’espoir.
Le docteur s’arrête un instant, une ombre de gravité s’ajoutant à son regard. Il soupire profondément avant de répondre d’une voix calme mais lourde de sens.
— Le bébé est en parfaite santé, madame. Il n’y a aucun risque pour sa vie. Mais… annonce-t-il, une tristesse évidente dans sa voix.
Les mots du docteur s’accrochent dans l’air, lourds de chagrin. Madame N’zi, terrifiée, attend la suite.
— …votre fille, elle… hésite le docteur, baissant légèrement la tête.
— Elle quoi, docteur, elle quoi ?! demande Madame N’zi, les yeux pleins d’inquiétude.
Le docteur ferme les yeux un instant, son expression se durcit, et il prend une profonde inspiration avant de
prononcer les mots qui briseront le cœur de Madame N’zi.
— Je suis désolé, Madame, de devoir vous annoncer cela. Après la césarienne, des complications graves sont survenues. La situation de votre fille est critique. Je crains que nous ne puissions pas être optimistes. Son état s’est détérioré rapidement. Elle lutte contre une perte de sang importante et fait face à de graves difficultés respiratoires. Nous avons tout tenté, mais malgré nos efforts, je suis au regret de vous dire que ses chances de survie sont minces. Explique le docteur d’un ton grave.
Le docteur s’arrête, attendant que la réalité se fasse face à Madame N’zi, mais il voit son regard s’embuer de larmes. Il continue néanmoins, le visage marqué par l’émotion.
— Nous faisons tout ce que nous pouvons pour stabiliser son état. Mais je dois être franc avec vous, Madame. Il est possible que nous ne puissions pas la sauver. Il est probable que vous deviez la dire adieu dans les heures à venir. Je suis désolé. Ajoute-t-il avec tristesse.
Les larmes commencent à couler sur le visage de
Madame N’zi, ses pleurs silencieux mais dévastateurs. Ses mains tremblent tandis qu’elle cherche à saisir une once de compréhension dans les paroles du médecin.
Sans un mot, elle se précipite hors de la salle d’attente, courant à travers les couloirs de l’hôpital, ses pas précipités résonnant dans l’air. Elle ne peut plus attendre, elle doit être près de sa fille.
Elle arrive devant la chambre où Pulchérie est allongée. La porte est entrouverte, et d’un geste effrayé, Madame N’zi pousse la porte. Lorsqu’elle entre, elle aperçoit Pulchérie, immobile sur le lit, son corps frêle relié à des machines qui émettent des bruits de plus en plus inquiétants.
— Pul… Pul… Chérie… dit Madame N’zi, les yeux remplis de larmes, la voix brisée.
Elle s’effondre en sanglots, ses bras s’étendant vers sa fille, le cœur brisé. Elle prend la main de Pulchérie, ses larmes se mêlant aux siens.
Pulchérie, d’une force presque surnaturelle malgré son état, serre faiblement la main de sa mère. Un faible sourire apparaît sur son visage, malgré la souffrance évidente. Elle tend doucement la main vers le visage de Madame N’zi, essuyant ses larmes d’un geste rempli de douceur.
— Maman… ne pleure pas… Tu dois, dois… souffle Pulchérie, faiblement, à peine audible.
Pulchérie tente de parler, mais sa respiration devient de plus en plus laborieuse. Les machines autour d’elle se mettent à émettre des bips stridents. La situation s’aggrave.
— Doc… Doc… Docteur ! hurla Madame N’zi, prise de panique.
Elle court hors de la chambre, criant de toutes ses forces. En un instant, le docteur se précipite vers elle. Il la guide d’un geste rapide vers la chambre, et entre dans la pièce, se précipitant pour l’examiner, mais son visage se fige lorsqu’il constate l’ampleur des complications.
Il regarde ses collègues, l’air grave, avant de se tourner à nouveau vers Madame N’zi, son regard marqué par la douleur.
— Je suis désolé… dit le docteur, en toute simplicité, avec une tristesse infinie.
Le docteur commence lentement à retirer les machines qui avaient maintenu Pulchérie en vie, son expression fatiguée et dévastée. Madame N’zi, frappée par l’horreur de la situation, se laisse tomber sur le sol, ses larmes ne cessant de couler.
Le docteur couvre délicatement le visage de Pulchérie d’un drap blanc. Il se baisse ensuite pour poser une main réconfortante sur l’épaule de Madame N’zi, dans un geste de consolation silencieux, sachant que rien ne pourra jamais apaiser sa douleur.
Le salon est plongé dans une lumière tamisée. Monsieur Kouassi, vêtu d’un costume élégant, est confortablement installé dans un fauteuil, sirotant tranquillement un verre de whisky. Un léger sourire effleure ses lèvres, comme si le monde extérieur n’avait plus d’importance pour lui.
Son visage reflète un sentiment de soulagement et de satisfaction, une sorte de calme après une longue période de tension.
Le silence règne dans la pièce, brisé uniquement par le bruit léger de ses lèvres effleurant le verre. L’air est lourd, presque tangible, et Monsieur Kouassi semble plongé dans ses pensées, contemplant les événements passés avec une tranquillité apparente.
Soudain, un bruit universel se fait entendre, rompant le silence. Le vrombissement sourd d’une sirène de voiture de police s’élève dans l’air. Monsieur Kouassi ne réagit pas immédiatement. Il reste figé dans sa position, son regard fixe sur le verre qu’il tient entre ses mains, l’ombre d’un sourire toujours accroché à ses lèvres.
Il prend une dernière gorgée de whisky, savourant le goût amer sur sa langue, et repose lentement son verre sur la table. Le bruit de la sirène devient plus fort, plus proche, et il le perçoit comme du passage. Il se redresse lentement dans son fauteuil, un calme souverain se peignant sur son visage. Aucune surprise, aucune panique.
Un son de sonnette se fait entendre, et le gardien, visiblement nerveux, se lève précipitamment, l’air surpris, avant d’aller ouvrir la porte.
De l’autre côté, une silhouette imposante se dessine, suivie de plusieurs autres. Des agents de police, leurs visages sévères éclairés par la lumière, se tiennent là, droits et menaçants. L’un d’eux fait un pas en avant, son regard fixe et perçant.
Monsieur Kouassi, toujours assis dans son fauteuil, reste calme, une lueur de défi dans les yeux. Ses mains reposent sur les accoudoirs, les doigts légèrement croisés. Il les observe entrer, un sourire presque imperceptible sur ses lèvres.
Les agents avancent dans le salon. Un d’eux s’approche de lui, tendant un mandat d’arrêt avec fermeté.
Monsieur Kouassi se lève alors lentement de son fauteuil, sa posture droite et confiante. Il prend une
profonde inspiration, les yeux fixés sur l’agent, comme si cet instant était inéluctable, mais parfaitement maîtrisé.
— Monsieur le Maire, vous êtes en état d’arrestation, annonça-t-il d’une voix autoritaire, son ton ne laissant place à aucune ambiguïté. Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous devant un tribunal. Vous avez le droit à un avocat. Si vous n’en avez pas les moyens, un avocat vous sera désigné
d’office.
Les mots résonnèrent dans la pièce, lourds de sens et d’issue inéluctable, mais Monsieur Kouassi ne réagit pas. Il se contenta de lever les yeux, croisant ceux de l’agent d’un regard tranquille et presque curieux.
Il n’y avait ni défi ni crainte dans son regard, juste une étrange acceptation de la situation. Il laissa l’agent poursuivre, son calme absolu presque insolent dans l’instant.
— Vous pouvez faire votre travail, agent, répondit-il lentement, le sourire se tordant sur ses lèvres en un rictus énigmatique, comme un homme qui savait déjà tout ce qui allait arriver.
Kouassi, dans l’intimité de ses pensées, laissa échapper un léger rire, presque inaudible, mais plein de mépris et de satisfaction. Il se sentit envahi par un sentiment de toute-puissance. L’instant présent, l’arrestation qui se jouait sous ses yeux, semblait pour lui un simple détail dans un scénario qu’il maîtrisait d’une main de fer. La police, cette force qui se tenait devant lui, n’était qu’un jouet dans ses mains. La justice, qu’il avait toujours
manipulée à sa guise, était désormais une chose qu’il détenait sans effort. Un pouvoir qu’il savourait, qu’il chérissait.
— J’ai la police dans ma poche, pensa-t-il, son esprit s’amusant à imaginer la scène. La justice dans ma main… Qui ose me défier ? Même le député n’ose pas me contrarier. Ha ! Ha ! Ha ! Courage à la personne qui ose me défier.
Un éclat de rire résonna dans son esprit, un éclat de satisfaction pure et cruelle. Il s’imagina les regards des autres, tous ceux qui, dans le passé, avaient tenté de lui barrer la route, maintenant réduits à l’impuissance. Ils ne pouvaient rien contre lui. « Haaaaaa… », se dit-il intérieurement, une dernière exclamation qui clôturait ses pensées, comme un dernier coup d’éclat dans une symphonie de pouvoir et de manipulation. Il se sentait invincible, au sommet de sa propre existence, et rien, ni personne, ne semblait pouvoir l’en déloger.
Un silence se fit dans la pièce. Les agents échangèrent des regards, certains visiblement déstabilisés par la nonchalance de Monsieur Kouassi.
Il s’avança lentement, ajusta ses manches, prit une profonde inspiration avec une allure assurée, presque majestueuse. Ses yeux, impassibles, rencontrèrent de nouveau ceux de l’agent.
— Alors, qu’attendez-vous ? demanda-t-il d’une voix calme, presque désinvolte.
Il n’y avait pas de peur dans ses mots, pas d’hésitation.
Monsieur Kouassi semblait totalement maître de la
situation, comme si cette arrestation n’était qu’un détail insignifiant dans un plan qu’il contrôlait depuis le début. Le regard de l’agent restait fixé sur lui, l’énigme de son calme implacable lui échappant encore. Mais il n’y avait plus de retour en arrière. Il baisse finalement les yeux, non pas par soumission, mais par un geste calculé. Son sourire s’élargit encore.
Les rues bourdonnent d’activités. Des passants vaquent à leurs occupations, se croisant sans prêter attention aux autres. Les commerçants crient leurs prix, et les véhicules passent dans un bourdonnement constant.
Cependant, un changement perceptible envahit
l’atmosphère lorsque les regards des passants sont attirés par les écrans de télévision installés dans les vitrines des magasins.
À l’écran, l’image du maire Kouassi apparaît, son visage grave défilant sur les écrans. Les chaînes d’information enchaînent les mêmes images, détaillant avec insistance des accusations de plus en plus graves.
— …un choc pour toute la nation. Le maire Kouassi est accusé de graves…
Les mots résonnent sur l’écran, diffusés en boucle, martelant la nouvelle avec une intensité croissante. Les passants, absorbés par l’actualité, s’arrêtent tous en
même temps, les yeux rivés sur l’écran.
— C’est impossible ! marmonne une voix dans la foule. Lui, maire ? Il a toujours été si respecté !
Une autre voix se fait entendre, plus incertaine.
— Vous avez vu ça ? Il n’aurait jamais fait ça. C’est une machination, j’en suis sûr ! Mais…
Les murmures se multiplient, les visages affichant l’étonnement, la consternation et la méfiance. Des groupes se forment autour des écrans. Les passants
discutent avec animation, tentant de comprendre ce qui se passe.
— Comment a-t-on pu en arriver là ? s’interroge une femme en secouant la tête. Ce n’est pas possible, c’est un piège !
— Mais enfin, c’est le maire ! Il a toujours eu une conduite irréprochable ! réagit un homme, incrédule.
Les discussions vont bon train, chacune des personnes tentant de comprendre la situation. Les visages se crispent tandis que les spéculations s’intensifient. La ville semble figée, suspendue à cette annonce, comme si tout le monde attendait des réponses.
— Ça ne va pas finir comme ça, c’est certain ! affirme un autre homme, une main fermée sur son téléphone.
Mais déjà, des voix s’élèvent, certaines réaffirmant leur soutien au maire, d’autres le condamnant déjà, convaincues de sa culpabilité.
(....)
L’avocat de la plaignante se leva lentement. Grand et élancé, son visage portait les marques de l’expérience, des traits sculptés par des années de pratique dans des affaires complexes. Sa posture était assurée, avançait avec mesure, conscient du poids de ses mots.
— Bonjour, votre Honneur, Mesdames et Messieurs du jury, et toutes les parties présentes, déclara-t-il d’une voix calme, empreinte d’une pointe
d’autorité.
Le juge inclina légèrement la tête en réponse, l’invitant à poursuivre.
L’avocat, le regard grave, reprit la parole, son ton devenant plus solennel :
— Votre Honneur, afin d’éclairer cette affaire, je demande à appeler Mademoiselle Amenvo à la barre. Un murmure discret parcourut la salle, comme une vague à peine perceptible. Mais ce frémissement fut vite réduit au silence par le regard sévère du greffier, qui balayait la salle avec une autorité tranquille.
— Mademoiselle Amenvo, veuillez vous avancer et prêter serment, ordonna le juge d’une voix ferme.
Dans un coin de la salle, Mademoiselle Amenvo se leva lentement. Sa silhouette frêle et sa démarche hésitante trahissaient une nervosité difficile à dissimuler. Elle ajusta machinalement son chemisier, tentant de dissimuler son trouble, avant de s’avancer vers la barre. Chaque pas qu’elle faisait résonnait légèrement sur le sol carrelé, amplifiant l’intensité de l’instant.
Le greffier, debout près de la barre, attendait avec un professionnalisme impeccable. Ses yeux, bien que stricts, cherchaient à transmettre une forme de réconfort.
— Mademoiselle Amenvo, veuillez lever votre main droite, demanda-t-il d’une voix neutre mais posée. Promettez-vous de dire la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité ?
— Oui, je le promets, répondit-elle d’une voix tremblante, mais sincère.
Le juge, impassible, observa un instant la femme avant d’acquiescer lentement. Son expression était celle d’un homme pesant chaque détail, chaque émotion.
— L’avocat peut entamer son interrogatoire, annonça-t-il d’un ton grave.
Un silence presque solennel envahit la salle. L’avocat
ajusta ses lunettes, prenant son temps, puis s’approcha de la barre. Son regard scrutait Mademoiselle Amenvo, cherchant à établir un contact visuel, à briser la barrière invisible qu’érigeait sa nervosité.
L’atmosphère dans la salle d’audience était pesante,
chargée d’attente et de tension. Tous les regards étaient fixés sur Mademoiselle Amenvo, qui se tenait droite, bien qu’hésitante, à la barre des témoins. Son visage trahissait une nervosité palpable, ses mains agrippant
nerveusement le rebord devant elle. L’avocat de la plaignante, debout à quelques pas, avait adopté une posture rassurante.
— Mademoiselle Amenvo, merci d’avoir accepté de témoigner aujourd’hui, commença-t-il d’une voix douce, presque encourageante. Pourriez-vous, s’il vous plaît, nous parler de votre travail chez les Kouassi ? Depuis combien de temps y êtes-vous employée et quelles sont vos principales responsabilités ? Avez-vous été témoin d’événements particuliers ou de comportements suspects ?
Elle inspira profondément, cherchant ses mots, puis répondit d’une voix tremblante mais claire :
— Je travaille chez le maire Kouassi depuis trois ans. Je m’occupe de la maison, du ménage, et parfois des repas quand la cheffe me le demande.
L’avocat, captant l’émotion dans la voix de la témoin, avança légèrement d’un pas, ses gestes mesurés traduisant son soutien.
— Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a marquée chez Pulchérie ? reprit-il doucement. Depuis ces derniers mois avant sa disparition soudaine. Prenez votre temps.
Mademoiselle Amenvo déglutit, ses yeux errant brièvement à travers la salle avant de revenir vers l’avocat.
— Depuis l’arrivée de la jeune Pulchérie, malgré la récente tragédie familiale, elle affichait toujours un sourire, commença-t-elle, sa voix plus émotive.
Cependant… ces derniers mois…
Elle marqua une pause, ses mains se crispant davantage sur le rebord de la barre.
— … elle semblait changée. Renfermée, comme si elle portait un lourd secret. Elle semblait souvent stressée et calme, et beaucoup plus renfermée.
Un frisson parcourut la salle. Quelques spectateurs échangèrent des regards inquiets, sentant que quelque chose de grave allait être révélé.
— Avez-vous pu identifier la cause de ce changement
? demanda l’avocat avec compassion.
Amenvo ferma brièvement les yeux, comme pour rassembler son courage. Lorsqu’elle reprit, sa voix était plus faible, mais déterminée :
— Un soir, je l’ai trouvée… inconsciente. Après mes analyses, en tant que femme, j’ai découvert qu’elle était enceinte.
La révélation provoqua un choc visible dans l’assemblée. Une femme dans le public porta une main tremblante à sa bouche pour étouffer un cri. Le juge frappa son marteau sur le bureau, rétablissant immédiatement le silence.
— Silence dans la salle, ordonna-t-il, son ton calme mais ferme.
L’avocat attendit que le tumulte s’apaise avant de poursuivre, son ton toujours empreint de douceur :
— Comment a-t-elle réagi lorsque vous lui avez annoncé cela ?
Des larmes commencèrent à perler dans les yeux de Mademoiselle Amenvo, qui répondit d’une voix brisée :
— Elle était brisée, muette… figée, comme si le monde entier s’était effondré autour d’elle.
Un silence pesant s’installa dans la pièce, si lourd que l’on pouvait entendre le tic-tac de l’horloge murale.
Même le greffier, d’habitude imperturbable, semblait troublé par le témoignage.
L’avocat, visiblement touché mais conservant son professionnalisme, baissa légèrement la voix, comme pour refléter la gravité du moment.
— Avez-vous parlé de cette grossesse à quelqu'un, en particulier au maire Kouassi, son oncle ?
Mademoiselle Amenvo secoua vivement la tête, une peur visible dans son regard.
— Non… j’avais peur de lui en parler, avoua-t-elle, sa voix tremblant de regret. Il nous interdisait déjà de consulter un médecin, même lorsque Pulchérie ne se sentait pas bien. Comment aurais-je pu… ?
Elle baissa les yeux, submergée par l’émotion. La salle, figée, retenait son souffle, accablée par le poids des révélations.
L’émotion dans la salle atteignait son apogée. Le jury semblait bouleversé, certains membres échappant à peine un soupir ou un regard incrédule. Le juge, impassible, observait la scène en silence, son regard pesant et réfléchi, capturant chaque détail du témoignage.
L’avocat de la plaignante, ayant saisi l’impact de chaque parole, poursuivit avec calme, malgré la tension palpable dans la salle :
— À quel moment avez-vous pris connaissance du fait que Pulchérie n’était plus présente dans la maison de son oncle ?
Mademoiselle Amenvo, encore sous le choc de ses propres révélations, prit une profonde inspiration avant de répondre, sa voix tremblante mais résolue :
— Le lendemain même où je lui ai annoncé sa grossesse, expliqua-t-elle. En fait, après avoir révélé la vérité à Pulchérie, elle était très mal en point, et j’ai ressenti le devoir d’informer le maire, même si cela signifiait perdre mon emploi, car je m’inquiétais beaucoup pour elle. J'ai donc dû téléphoner à Monsieur le Maire afin de l'informer.
Le silence qui suivit cette déclaration était lourd, presque accablant. L’avocat, un instant songeur, reprit sans délai
:
— Aviez-vous informé l’oncle de Pulchérie, le maire Kouassi, de sa grossesse ?
Mademoiselle Amenvo baissa les yeux un instant, cherchant la force d’affronter la vérité. Elle prit une nouvelle inspiration, plus profonde encore, avant de répondre, sa voix pleine de terreur et de regret :
— Non, j’avais peur de lui parler de la maladie, comment aurais-je pu lui parler de la grossesse ?
Le choc fut immédiat. La salle d’audience retint son souffle, le poids de ses mots résonnant dans l’air. Les
regards se fixèrent sur Mademoiselle Amenvo, captivés par l’impact de ses révélations. Des murmures s’élevèrent parmi les spectateurs, chacun absorbant la vérité choquante qui venait d’être révélée. L’avocat, saisi de l’importance de ce témoignage, prit des notes rapidement, conscient que ces éléments étaient cruciaux pour l’issue de l’affaire.
L’avocat, après un court instant de réflexion, hocha la tête, reconnaissant la gravité de ce qu’il venait
d’entendre. La tension monta d’un cran dans la salle. La vérité, aussi perturbante soit-elle, ne pouvait plus être ignorée.
Les murmures s’intensifièrent dans la salle. Les jurés échangèrent des regards significatifs, certains affichant des expressions de stupeur, d’autres de consternation. Chaque détail semblait désormais enregistré dans leurs esprits, et la gravité des révélations pesait lourdement sur eux.
L’avocat de la plaignante, baissant légèrement la tête comme pour marquer la reconnaissance de la difficulté du témoignage, s’adressa de nouveau à Mademoiselle Amenvo :
— Merci, Mademoiselle Amenvo, dit-il, sa voix pleine de gratitude. Votre honnêteté est essentielle. Vous pouvez retourner à votre siège.
Mademoiselle Amenvo, les jambes légèrement chancelantes, se détourna de la barre. Les regards de l’assistance pesaient lourdement sur elle, certains remplis de compassion, d’autres de jugement. Les
murmures redoublèrent d’intensité tandis qu’elle regagnait sa place, les jurés échangeant des regards plus sérieux, plus intenses.
L’avocat se tourna alors vers le juge, une nouvelle détermination marquant son regard.
— Votre Honneur, Mesdames et Messieurs du jury, dit-il avec une calme fermeté, les témoignages de Mademoiselle Amenvo ont révélé des éléments essentiels. Ils nous ont permis de mieux
comprendre l’état d’esprit de Pulchérie et les circonstances tragiques qui ont entouré sa grossesse.
Des murmures secouèrent à nouveau la salle. Le juge frappa doucement son marteau, rétablissant l’ordre dans la salle.
— Ces révélations ne sont pas seulement
troublantes, poursuivit l’avocat après une pause calculée. Elles appellent à une justice rigoureuse.
Il marqua une nouvelle pause, scrutant les visages du jury, puis se tourna vers le juge.
— Votre Honneur, je demande l’autorisation d’appeler notre prochaine témoin : Madame N’zi, aussi la plaignante.
Le juge, d’un ton solennel, répondit :
— Madame N’zi, veuillez vous présenter à la barre. La salle plongea immédiatement dans un silence tendu. Tous les regards se tournèrent vers une femme d'une beauté inégalé qui se leva lentement de sa chaise. Ses mains tremblaient légèrement, tenant un mouchoir
qu’elle pressait contre sa poitrine. Elle marcha lentement vers la barre, ses pas lourds résonnant dans le silence pesant de l’audience.
Madame N’zi s'avança vers la barre, le visage marqué par la gravité mais empreint d'une détermination silencieuse. Chaque pas qu'elle faisait semblait alourdi par un poids de souvenirs et d’émotions, comme si le sol sous ses pieds portait les traces d'un passé difficile.
L'avocat de la plaignante se déplaça légèrement en avant, son attitude respectueuse mais fermement assurée. Il prit une inspiration avant de poser la question qui allait guider la suite de l’audience.
— Madame N’zi, pouvez-vous nous raconter toute l’histoire ? Comment avez-vous rencontré Pulchérie
? Que s’est-il passé ensuite ? Et enfin, pourquoi accusez-vous le maire Kouassi d’être responsable de sa grossesse et du drame qui a précédé, ainsi que de l'assassinat de sa famille ?
— Bonjour, votre Honneur, Mesdames et Messieurs du jury, et toutes les parties présentes, déclara-t-il d’une voix calme, empreinte d’une pointe
d’autorité.
Le juge inclina légèrement la tête en réponse, l’invitant à poursuivre.
L’avocat, le regard grave, reprit la parole, son ton devenant plus solennel :
— Votre Honneur, afin d’éclairer cette affaire, je demande à appeler Mademoiselle Amenvo à la barre. Un murmure discret parcourut la salle, comme une vague à peine perceptible. Mais ce frémissement fut vite réduit au silence par le regard sévère du greffier, qui balayait la salle avec une autorité tranquille.
— Mademoiselle Amenvo, veuillez vous avancer et prêter serment, ordonna le juge d’une voix ferme.
Dans un coin de la salle, Mademoiselle Amenvo se leva lentement. Sa silhouette frêle et sa démarche hésitante trahissaient une nervosité difficile à dissimuler. Elle ajusta machinalement son chemisier, tentant de dissimuler son trouble, avant de s’avancer vers la barre. Chaque pas qu’elle faisait résonnait légèrement sur le sol carrelé, amplifiant l’intensité de l’instant.
Le greffier, debout près de la barre, attendait avec un professionnalisme impeccable. Ses yeux, bien que stricts, cherchaient à transmettre une forme de réconfort.
— Mademoiselle Amenvo, veuillez lever votre main droite, demanda-t-il d’une voix neutre mais posée. Promettez-vous de dire la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité ?
— Oui, je le promets, répondit-elle d’une voix tremblante, mais sincère.
Le juge, impassible, observa un instant la femme avant d’acquiescer lentement. Son expression était celle d’un homme pesant chaque détail, chaque émotion.
— L’avocat peut entamer son interrogatoire, annonça-t-il d’un ton grave.
Un silence presque solennel envahit la salle. L’avocat
ajusta ses lunettes, prenant son temps, puis s’approcha de la barre. Son regard scrutait Mademoiselle Amenvo, cherchant à établir un contact visuel, à briser la barrière invisible qu’érigeait sa nervosité.
L’atmosphère dans la salle d’audience était pesante,
chargée d’attente et de tension. Tous les regards étaient fixés sur Mademoiselle Amenvo, qui se tenait droite, bien qu’hésitante, à la barre des témoins. Son visage trahissait une nervosité palpable, ses mains agrippant
nerveusement le rebord devant elle. L’avocat de la plaignante, debout à quelques pas, avait adopté une posture rassurante.
— Mademoiselle Amenvo, merci d’avoir accepté de témoigner aujourd’hui, commença-t-il d’une voix douce, presque encourageante. Pourriez-vous, s’il vous plaît, nous parler de votre travail chez les Kouassi ? Depuis combien de temps y êtes-vous employée et quelles sont vos principales responsabilités ? Avez-vous été témoin d’événements particuliers ou de comportements suspects ?
Elle inspira profondément, cherchant ses mots, puis répondit d’une voix tremblante mais claire :
— Je travaille chez le maire Kouassi depuis trois ans. Je m’occupe de la maison, du ménage, et parfois des repas quand la cheffe me le demande.
L’avocat, captant l’émotion dans la voix de la témoin, avança légèrement d’un pas, ses gestes mesurés traduisant son soutien.
— Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a marquée chez Pulchérie ? reprit-il doucement. Depuis ces derniers mois avant sa disparition soudaine. Prenez votre temps.
Mademoiselle Amenvo déglutit, ses yeux errant brièvement à travers la salle avant de revenir vers l’avocat.
— Depuis l’arrivée de la jeune Pulchérie, malgré la récente tragédie familiale, elle affichait toujours un sourire, commença-t-elle, sa voix plus émotive.
Cependant… ces derniers mois…
Elle marqua une pause, ses mains se crispant davantage sur le rebord de la barre.
— … elle semblait changée. Renfermée, comme si elle portait un lourd secret. Elle semblait souvent stressée et calme, et beaucoup plus renfermée.
Un frisson parcourut la salle. Quelques spectateurs échangèrent des regards inquiets, sentant que quelque chose de grave allait être révélé.
— Avez-vous pu identifier la cause de ce changement
? demanda l’avocat avec compassion.
Amenvo ferma brièvement les yeux, comme pour rassembler son courage. Lorsqu’elle reprit, sa voix était plus faible, mais déterminée :
— Un soir, je l’ai trouvée… inconsciente. Après mes analyses, en tant que femme, j’ai découvert qu’elle était enceinte.
La révélation provoqua un choc visible dans l’assemblée. Une femme dans le public porta une main tremblante à sa bouche pour étouffer un cri. Le juge frappa son marteau sur le bureau, rétablissant immédiatement le silence.
— Silence dans la salle, ordonna-t-il, son ton calme mais ferme.
L’avocat attendit que le tumulte s’apaise avant de poursuivre, son ton toujours empreint de douceur :
— Comment a-t-elle réagi lorsque vous lui avez annoncé cela ?
Des larmes commencèrent à perler dans les yeux de Mademoiselle Amenvo, qui répondit d’une voix brisée :
— Elle était brisée, muette… figée, comme si le monde entier s’était effondré autour d’elle.
Un silence pesant s’installa dans la pièce, si lourd que l’on pouvait entendre le tic-tac de l’horloge murale.
Même le greffier, d’habitude imperturbable, semblait troublé par le témoignage.
L’avocat, visiblement touché mais conservant son professionnalisme, baissa légèrement la voix, comme pour refléter la gravité du moment.
— Avez-vous parlé de cette grossesse à quelqu'un, en particulier au maire Kouassi, son oncle ?
Mademoiselle Amenvo secoua vivement la tête, une peur visible dans son regard.
— Non… j’avais peur de lui en parler, avoua-t-elle, sa voix tremblant de regret. Il nous interdisait déjà de consulter un médecin, même lorsque Pulchérie ne se sentait pas bien. Comment aurais-je pu… ?
Elle baissa les yeux, submergée par l’émotion. La salle, figée, retenait son souffle, accablée par le poids des révélations.
L’émotion dans la salle atteignait son apogée. Le jury semblait bouleversé, certains membres échappant à peine un soupir ou un regard incrédule. Le juge, impassible, observait la scène en silence, son regard pesant et réfléchi, capturant chaque détail du témoignage.
L’avocat de la plaignante, ayant saisi l’impact de chaque parole, poursuivit avec calme, malgré la tension palpable dans la salle :
— À quel moment avez-vous pris connaissance du fait que Pulchérie n’était plus présente dans la maison de son oncle ?
Mademoiselle Amenvo, encore sous le choc de ses propres révélations, prit une profonde inspiration avant de répondre, sa voix tremblante mais résolue :
— Le lendemain même où je lui ai annoncé sa grossesse, expliqua-t-elle. En fait, après avoir révélé la vérité à Pulchérie, elle était très mal en point, et j’ai ressenti le devoir d’informer le maire, même si cela signifiait perdre mon emploi, car je m’inquiétais beaucoup pour elle. J'ai donc dû téléphoner à Monsieur le Maire afin de l'informer.
Le silence qui suivit cette déclaration était lourd, presque accablant. L’avocat, un instant songeur, reprit sans délai
:
— Aviez-vous informé l’oncle de Pulchérie, le maire Kouassi, de sa grossesse ?
Mademoiselle Amenvo baissa les yeux un instant, cherchant la force d’affronter la vérité. Elle prit une nouvelle inspiration, plus profonde encore, avant de répondre, sa voix pleine de terreur et de regret :
— Non, j’avais peur de lui parler de la maladie, comment aurais-je pu lui parler de la grossesse ?
Le choc fut immédiat. La salle d’audience retint son souffle, le poids de ses mots résonnant dans l’air. Les
regards se fixèrent sur Mademoiselle Amenvo, captivés par l’impact de ses révélations. Des murmures s’élevèrent parmi les spectateurs, chacun absorbant la vérité choquante qui venait d’être révélée. L’avocat, saisi de l’importance de ce témoignage, prit des notes rapidement, conscient que ces éléments étaient cruciaux pour l’issue de l’affaire.
L’avocat, après un court instant de réflexion, hocha la tête, reconnaissant la gravité de ce qu’il venait
d’entendre. La tension monta d’un cran dans la salle. La vérité, aussi perturbante soit-elle, ne pouvait plus être ignorée.
Les murmures s’intensifièrent dans la salle. Les jurés échangèrent des regards significatifs, certains affichant des expressions de stupeur, d’autres de consternation. Chaque détail semblait désormais enregistré dans leurs esprits, et la gravité des révélations pesait lourdement sur eux.
L’avocat de la plaignante, baissant légèrement la tête comme pour marquer la reconnaissance de la difficulté du témoignage, s’adressa de nouveau à Mademoiselle Amenvo :
— Merci, Mademoiselle Amenvo, dit-il, sa voix pleine de gratitude. Votre honnêteté est essentielle. Vous pouvez retourner à votre siège.
Mademoiselle Amenvo, les jambes légèrement chancelantes, se détourna de la barre. Les regards de l’assistance pesaient lourdement sur elle, certains remplis de compassion, d’autres de jugement. Les
murmures redoublèrent d’intensité tandis qu’elle regagnait sa place, les jurés échangeant des regards plus sérieux, plus intenses.
L’avocat se tourna alors vers le juge, une nouvelle détermination marquant son regard.
— Votre Honneur, Mesdames et Messieurs du jury, dit-il avec une calme fermeté, les témoignages de Mademoiselle Amenvo ont révélé des éléments essentiels. Ils nous ont permis de mieux
comprendre l’état d’esprit de Pulchérie et les circonstances tragiques qui ont entouré sa grossesse.
Des murmures secouèrent à nouveau la salle. Le juge frappa doucement son marteau, rétablissant l’ordre dans la salle.
— Ces révélations ne sont pas seulement
troublantes, poursuivit l’avocat après une pause calculée. Elles appellent à une justice rigoureuse.
Il marqua une nouvelle pause, scrutant les visages du jury, puis se tourna vers le juge.
— Votre Honneur, je demande l’autorisation d’appeler notre prochaine témoin : Madame N’zi, aussi la plaignante.
Le juge, d’un ton solennel, répondit :
— Madame N’zi, veuillez vous présenter à la barre. La salle plongea immédiatement dans un silence tendu. Tous les regards se tournèrent vers une femme d'une beauté inégalé qui se leva lentement de sa chaise. Ses mains tremblaient légèrement, tenant un mouchoir
qu’elle pressait contre sa poitrine. Elle marcha lentement vers la barre, ses pas lourds résonnant dans le silence pesant de l’audience.
Madame N’zi s'avança vers la barre, le visage marqué par la gravité mais empreint d'une détermination silencieuse. Chaque pas qu'elle faisait semblait alourdi par un poids de souvenirs et d’émotions, comme si le sol sous ses pieds portait les traces d'un passé difficile.
L'avocat de la plaignante se déplaça légèrement en avant, son attitude respectueuse mais fermement assurée. Il prit une inspiration avant de poser la question qui allait guider la suite de l’audience.
— Madame N’zi, pouvez-vous nous raconter toute l’histoire ? Comment avez-vous rencontré Pulchérie
? Que s’est-il passé ensuite ? Et enfin, pourquoi accusez-vous le maire Kouassi d’être responsable de sa grossesse et du drame qui a précédé, ainsi que de l'assassinat de sa famille
(...)